MÛZA RUBACKYTE
pianist



César franck (1822-1890)

"Classica" October 2008

Prélude, fugue et variations. Prélude, aria et final. Prélude, choral et fugue
Muza Rubackyté (piano) Brilliant 92702


Le programme de Muza Rubackyté ne réunit pas tout l'œuvre pianistique de Franck mais on y trouve les deux sommets, à quoi s'ajoutent comme c'est souvent le cas Prélude, fugue et variations, charmante partition destinée à l'origine à l'orgue, donnée ici dans la transcription de Harold Bauer. Ces œuvres ont été souvent enregistrées, encore ces dernières années par Marc-André Hamelin (Hyperion) et Sobi Braide (RCA). Globalement, l'interprétation de Muza Rubackyté est très personnelle et se signale par un style incontestablement roman­tique. Tout ce qu'il pourrait y avoir de systématique voire d'académique dans récriture de Franck est sans cesse revivifié par un jeu extrême­ment subtil de rubato qui donne aux œuvres un aspect inventif et impromptu.


Les fugues de César Franck, par rapport à celles de Johann Sébastian Bach, c'est un peu comme l'église Sainte-Clotilde par rapport à une « vraie » église gothique. Muza Rubackyté ne le cache pas. Elle n'a pas honte d'y mettre du sentiment, et même un zeste de sirop, que le père Franck n'aurait sûrement pas détesté. Il est rare que cet aspect voluptueux soit aussi finement mis en valeur (que l'on écoute le début de Prélude, aria et final). Mais ce n'est pas tout. Muza Rubackyté sait également à restituer les climats les plus épiques. Le dernier volet de Prélude, aria et final et de Prélude, choral et fugue possède ici une grandeur lisztienne, maîtrisée certes, et toujours souple, mais bien présente. Pour le regard original et approfondi qu'il jette sur l'œuvre de césar Franck, pour la justesse de l'interprétation, ce disque mérite de s'inscrire en tête de la discographie récente.
Jacques Bonnaure