MÛZA RUBACKYTE
pianist




Années de Pèlerinage (intégrale)
Mûza Rubackyte (piano)
Lyrinx 3 SACD LYR 2216.2003 2 h 49'
Stéréo SACD oo DO
Belle sonorité, chaude, ronde, douce, peu percussive, avec des basses profondes Notice fff (lapidaire, mais précise)
Quel planisme somptueux, quelles interprétations magistrales ! Mûza Rubackyte parvient enfin à exprimer sa nature volcanique et passionnée au disque, telle qu'on peut souvent la percevoir dans ses récitals, alors que ses précédents enregistrements paraissaient un peu " tièdes " Tout au long de ces trois disques, elle joue avec infiniment de soin, de beauté sonore, d'ampleur, d'expression, et avec une virtuosité impériale, surclassant ainsi nombre d'excellentes versions de ce cycle Jorge Bolet (Decca) et Leslie Howard (Hypenon), jolis mais un peu légers, Brendel (Philips) et Cziffra (EMI), intéressants mais très nerveux, et même Aldo Ciccolinii (EMI), souvent remarquable, mais parfois un peu rapide et sec Elle rivalise donc avec la magnifique référence signée Lazar Berman (DG), faisant vraiment jeu égal dans toute la Deuxième Année, même dans Venezia et Napoli Berman a sans doute un toucher plus percussif, davantage de puissance sonore, et quelques accents plus expressifs dans certaines pièces de La Suisse, comme la Vallée d'Oberman - bien peu de choses en vérité II reste que Mûza Rubackyte n'a pas de chance sa version sort trois mois après la lecture immensément profonde et novatrice de Nicholas Angelich (Mirare, noté 10 dans Classica-/Répertoire n°60) Certes, notre pianiste est plus proche de la vision Lisztienne " classique ", comme celle de Berman, que des tempos étirés et de la solitude douloureuse d'Angelich Mais la question se pose le mélomane qui possède déjà ces deux références complémentaires peut-il encore découvrir de nouvelles approches avec Rubackyte. Ce n'est véritablement le cas que pour les pages décharnées et lugubres de la Troisième Année Berman et Angelich jouent très lentement, et vont ainsi au bout d'une expressivité presque insoutenable Rubackyte adopte des tempos plus allants, moins rapides cependant que ceux de Ciccolmi qui privent certaines pièces de poids et même de sens. Ces méditations funèbres et religieuses a l'écriture dépouillée deviennent sous ses doigts nettement plus avenantes, aisées à suivre et à apprécier, sans manquer d'être poignantes Enfin, une dernière raison incite à recommander chaudement l'acquisition de cet album la qualité sonore Même si Berman et Angelich sont très bien enregistrés, la splendeur de l'instrument du toucher de la pianiste et de la captation nous mènent sur les sommets ceux qui veulent bénéficier de la technologie SACD multicanal peuvent se précipiter sans hésitation
CLASSICA-REPERTOIRE, Juillet-Août 2004 - Philippe van den Bosch